Projet de société post effondrement – L’Empire Vert d’Orient et d’Occident de Paul Elvere DELSART

Nouvelle 1 - Le Nouveau Monde 


Lorsque les derniers piliers de l'ancien monde s'effondrèrent – emportés par des tempêtes économiques, des fractures sociales béantes et une planète à bout de souffle – une voix se leva, étrange et solitaire, portant un nom que peu connaissaient encore : Paul Elvere DELSART. Né dans l'ombre des tropiques, formé à la croisée des cultures, il n’était pas un roi, ni un prophète. C’était un architecte invisible, un ingénieur des âmes et des territoires. Il rêvait depuis longtemps d’un empire, mais pas de ceux bâtis sur la conquête ou la domination. Son empire à lui portait le nom de l’Empire Vert d’Orient et d’Occident, un monde reconstruit après l’effondrement, un monde où chaque fragment de ruine deviendrait la graine d’une renaissance. Dans ses manuscrits et ses plans, soigneusement conservés par le Think and Do Tank LE PAPILLON SOURCE EL4DEV, il avait tout décrit. Ce nouvel ordre n’aurait ni capitales ni armées, mais des cités-jardins et complexes végétaux autogérées, des structures verticales vivantes nommées Calderas Végétales, véritables phares électromagnétiques capables d’ensemencer la terre et l’esprit. Il y était question d’un jeu, mais d’un jeu très sérieux : un monde de fiction-réalité où les peuples bâtisseurs s’incarnaient en chevaliers-jardiniers, rois-philosophes et sages anonymes, tous engagés dans un immense chantier planétaire. Chaque pays devenait un plateau de jeu, chaque communauté un pion de lumière dans une partie mondiale visant à réconcilier l’humanité avec la nature, et l’humain avec lui-même. Là où jadis l’on parlait de PIB et de marchés, Paul Elvere DELSART proposait d’autres mesures : densité géo-intellectuelle, rayonnement créatif, capacité de coopération sociétale. Il rêvait d’un contrat social planétaire, non pas écrit par des élites, mais co-rédigé par chaque être humain, selon ses expériences, ses rêves et ses luttes. Son monde post-effondrement était un monde de commanderies végétales et de diplomatie des cœurs, de coopération transnationale non alignée, de petites municipalités devenues puissances morales, et d’un tourisme où l’on venait s’émerveiller, non pas devant des ruines anciennes, mais devant les germes d’un avenir possible. Et au centre de tout cela, il y avait l’Espoir – non pas un espoir passif, mais un espoir structuré, ingénieré, cultivé. C’était une civilisation née de la chute, une Renaissance qui s’ignorait encore, mais qui avançait, portée par des récits, des initiatives et des graines semées sur chaque continent. Ainsi naquit la Confédération EL4DEV, et avec elle, l’ébauche d’une nouvelle humanité. 


Nouvelle 2 - Après le Grand Silence


Depuis le Grand Effondrement, les mégacités s’étaient éteintes les unes après les autres. La Terre, malade de l’humanité, avait enfin rendu son verdict. Mais au cœur des ruines, un murmure persista.

Il venait d’un homme que peu comprenaient : Paul Elvere DELSART, également connu sous le nom de code Henry Harper. Ce n’était ni un leader politique, ni un sauveur mystique. Il se disait simplement ingénieur social, mais son projet, le Programme EL4DEV, relevait d’une vision que personne n’avait jamais osé formaliser. Il proposait un monde nouveau, non pas reconstruit sur les ruines de l’ancien, mais émergé en parallèle, comme une trame de réalité alternative née d’un "jeu sérieux" : une réalité augmentée, où chaque joueur devenait bâtisseur, diplomate, agriculteur ou philosophe. Ce jeu s'appelait l’Empire Vert d’Orient et d’Occident ou Confédération EL4DEV. Ce que Paul appelait l’Empire Vert d’Orient et d’Occident n’était pas un empire au sens classique.

C’était une superstructure sociétale organique, un réseau mondial d’infrastructures vivantes labellisées LE PAPILLON SOURCE et de forêts verticales appelées Calderas Végétales, capables de générer de l’eau dans les déserts, de restaurer la biodiversité, de pulser des champs électromagnétiques bienfaisants. Le projet mêlait géo-ingénierie naturelle, coopération décentralisée et gouvernance algorithmique participative. Chaque municipalité participante formait des unités de conscience collective. Ces municipalités, reliées entre elles par des interfaces de données intelligentes, formaient des Groupements d’Intérêt Economique Sociétaux, qui eux par la suite formaient des Unions politico-sociétales, répliquées par mimétisme à travers le globe : Méditerranée, Afrique, Europe, Asie… L’ancien ordre mondial ? Dissous.

L’ONU ? Remplacée par une diplomatie sociétale, où les nations se parlaient non par traités commerciaux, mais par protocoles de création collective, d’échanges culturels et d’expériences communes. Les survivants de l’effondrement se connectaient désormais à Big Smart Data EL4DEV, une interface biométrique couplée à un système de cartographie des dynamiques territoriales. Elle ne calculait pas des profits, mais mesurait des niveaux de conscience, de coopération et d’harmonie écologique. Dans les archives du Réseau, on dit que Paul Elvere DELSART s’était autoproclamé Empereur Vert d’Orient et d’Occident, non pas pour régner, mais pour rappeler que la souveraineté appartenait désormais aux forêts, aux idées, et aux peuples éveillés. Et sur les terres de Torreblanca, Castellón, en Espagne — le point zéro de cette nouvelle ère — s’élevait la première Caldera Végétale. Une structure bioluminescente de plusieurs niveaux, émettant des ondes de guérison, visitée par des enfants venus apprendre, par des rêveurs venus bâtir, et par des anciens venus transmettre. La planète n’avait pas été sauvée. Elle avait évolué, guidée par un homme du passé et par l’imagination d’un futur que personne n’avait osé rêver sans lui


Nouvelle 3 - Le Trône des Racines


Il ne vivait pas dans un palais. Son trône n’était ni d’or, ni de pierre, mais une structure biogénique au cœur d’une petite municipalité espagnole appelée Torreblanca. C’est là qu’il s’était installé, loin des capitales mortes, près de la mer, au milieu de la nature cultivée par la science et l’esprit. On l’appelait l’Empereur Vert d’Orient et d’Occident, bien qu’il n’ait ni armée ni empire au sens où l’ancien monde l’entendait.

Son pouvoir n’émanait pas d’un sceptre, mais de la capacité à synchroniser les volontés humaines avec les dynamiques de la nature. Ceux qui le suivaient — les Rois-Philosophes, les Chevaliers fondateurs, les Jardiniers maçons, les Ambassadeurs de la Biodiversité — n’étaient pas des subordonnés. Ils étaient des fragments conscients du même organisme-monde, appelés à coopérer, non à obéir. Le modèle de commandement de l’Empereur Vert d’Orient et d’Occident était cybernétique, distribué, poétique.

Chaque décision stratégique passait par un réseau de nœuds-sentinelles : petites municipalités, groupes d’intellectuels locaux, cercles d’enfants visionnaires, tribus agricoles hyper-connectées. Il n’imposait rien. Il évoquait, déclenchait, catalysait.

Les idées naissaient localement. Lui, les réunissait en motifs universels. Il n’avait pas de ministres. Il avait des gardiens de flux, chargés non pas de gouverner, mais de veiller à la résonance des actions avec l’équilibre du vivant. Ses discours n’étaient pas prononcés dans des hémicycles, mais dans les clairières de Dataforêts, où des algorithmes bio-sensibles traduisaient ses émotions en protocoles de mobilisation collective. Il ne parlait jamais en termes d’autorité, mais en degrés d’harmonie. Lorsqu’un territoire entrait en dysharmonie, non pas par violence mais par oubli de soi, il n’envoyait ni sanctions ni troupes. Il envoyait des semeurs de récits, des conteurs, des jardiniers, des ingénieurs du cœur. Ils reconstruisaient les imaginaires avant de toucher aux infrastructures. Le leadership de l’Empereur Vert d’Orient et d’Occident était lenteur et patience, impulsion et intuition.

Il disait : « Le pouvoir ne se tient pas au sommet. Il circule dans les racines. » Sa gouvernance n’était pas hiérarchique mais mycorhizienne : chaque entité nourrissait l’ensemble, et l’ensemble renforçait chaque entité. Ceux des anciennes sphères de pouvoir qui tentaient de le comprendre le déclaraient incompréhensible.

Mais les peuples, eux, le ressentaient. Sous son règne sans règne, les frontières devinrent perméables aux idées, les conflits se transformèrent en chantiers coopératifs, et les nations n’étaient plus des adversaires, mais des chapitres d’un même poème planétaire. On ne savait s’il était homme ou mythe, mais on savait ceci : Tant qu’il respirait, la terre respirait avec lui.